Attention, ce billet parle de viol et de pédophilie.

Une haie de peupliers d'Italie flous.

La communauté LGBT+ a un devoir de se confronter à son histoire de façon critique, et c’est ce que fait l’article que je vous présente aujourd’hui, qui en tire deux enseignements. Pourquoi est-ce que au fond, notre communauté queer est une grande thérapie de groupe, et qu’est-ce que ça emporte pour notre jugement de la pédophilie ? Mon résumé du texte de Niedergang et Pieterbraut-Merx en deux paragraphes.

Niedergang Pierre et Pieterbraut-Merx Tal, « Violence sexuelle ou “initiation” ? Communautés, trauma et normativité queer », *Glad! : revue sur le langage, le genre, les sexualités*, 24 juillet 2021.

Dans les milieux gais, il y a parfois une défense de la pédophilie: c’est surtout connu à travers les prises de position d’intellectuels des années 70 qui disaient que les adultes pourraient « initier » les adolescents à la sexualité. Ces prises d’opinion renforcent l’image qu’on a en général que les communautés trans-pédé-gouines chercheraient forcément à mettre à bas tous les interdits sexuels. Pourtant, ça, ce n’est pas vraiment l’idée derrière le queer, au contraire. Dès les années 70, des auteurs gais ont condamné les abus de pouvoirs d’adultes sur des enfants. Depuis, il y aussi eu - et il y a encore - des témoignages de victimes, plus ou moins publics: certaines personnent reconnaissent pleinement le traumatisme qui leur a été causé par l’agression, tandis que d’autres victimes restent plus discrètes dans leur parole. En particulier, la communauté gaie a tendance à banaliser ces expériences. La reconnaissance du traumatisme est cependant très importante, parce qu’elle met en évidence la violence que constituent les agressions pédophiles. Il faut cependant faire attention à ne pas complètement réduire les victimes au rang de malades.

Plus tard, dans les années 2000, des gens ont fait la remarque que la théorie queer, ça ne voulait pas dire absolument refuser de poser des règles sur la sexualité. Ces personnes ont critiqué les positions pro-pédophiles des années 70. Aujourd’hui, en continuant dans cette lancée, la théorie queer doit s’inspirer des idées féministes qui insistent sur le rôle du patriarcat: il faut surtout prêter attention au système des relations de pouvoir entre adultes et enfants. Ce qui lie vraiment la communauté queer, ce n’est pas une volonté de tout pervertir mais plutôt la solidarité à cause des blessures infligées par l’ordre cis et hétéro. C’est pour ça qu’en tant que communauté, on doit continuer à faire avancer nos jugements sur la pédophilie et à aider les victimes à parler de leurs expériences.